NOS LARMES




Nous produisons des larmes en continu, car les larmes produites permettent l'oxygénation et la protection de la cornée.
Elles évitent que nos yeux se dessèchent.

Mais pour que nos larmes débordent, il faut une activation de la production de larmes par un stimulus.
Si le système nerveux détecte un danger au niveau de la cornée tel qu'un contact avec un objet ou un acide (quand on épluche un oignon par exemple...), nous allons pleurer.

Mais ce qui nous intéresse, c'est le fait que nos larmes peuvent révéler notre état émotionnel.  Comme le désespoir, la tristesse, mais aussi  la joie, la rage…

Pourquoi pleurer quand nous sommes envahis par une émotion?

Pleurer serait un acte réflexe qui soulagerait les tensions psychiques fortes, telles que l'anxiété, l'angoisse, la peur, la tristesse, ou un trop-plein de tension positive: la joie, le bonheur.

Les larmes auraient  un rôle de protecteur psychique.

La composition des larmes évacuées à la suite d’une émotion serait très différente des larmes créées en permanence ou des larmes-réflexes. Les pleurs d’émotion contiendraient en effet plus de protéines, d’hormones, dont la prolactine mais aussi la leucine encéphalique qui agit sur la douleur. Le message nerveux qui provoque les larmes entraînerait également la production d’antalgiques naturels (d’origine non médicamenteuse). On retrouve également dans ce type de larmes les molécules responsables du stress ou des toxines apparues sous l’effet du stress.
Pleurer aurait donc un effet catharsis, qui nous permettrait d'évacuer un trop plein émotionnel et consécutivement, nous apaiserait ( en particulier pour les émotions de tristesse et de colère)

Les larmes seraient également un des moyens de communication non verbale dont dispose l'être humain quand il ne parle pas, ou a des difficultés à s'exprimer , notamment chez les bébés, les enfants ou les personnes âgées.

Les larmes d'émotion d'un individu pourraient ainsi contenir un signal chimique volatil dont la perception par un autre individu, par le biais des récepteurs de l'olfaction, serait à l'origine d'un effet sur son état d'esprit. Mais c'est une piste qui demeure encore en cours d'investigation.

La particularité des larmes d'émotion reste largement inexplorées et les effets de catharsis ou relaxant des larmes qu'avancent certaines thèses restent à confirmer.

Mais quel sujet passionnant!
Quelle chance, de pouvoir "sortir" un peu nos émotions de nous-même.
Quel merveilleux cadeau!
Comme les flocons de neige ou les empreintes digitales, chacune de nos larmes seraient uniques.


Une photographe du nom de Rose-Lynn Fisher se serait posée un jour la question :
Est-ce que les larmes de tristesse ressemblent aux larmes de bonheur ?

Pour le savoir, elle a alors entrepris de les observer à l'aide d'un microscope...
Elle a étudié plus de 100 différents échantillons de larmes, et elle s'est rendu compte que les larmes de bonheur sont très différentes des larmes de douleur, ou encore des larmes provoquées par le découpage d'un oignon. Celles qui nous viennent lorsque l'on rit intensément n'ont rien à voir avec les larmes de chagrin.

Chaque larme porterait en elle tout un microcosme de sentiments et d'émotions humaines.
Figures géométriques, courbes, arabesques, le microscope lui permettrait d'immortaliser les émotions au degré de l'infiniment petit.
Voici quelques images de son projet intitulé « Topographie des larmes ».

Finalement, nos larmes seraient un de nos outils de régulation émotionnelle naturel.
Alors, n'ayons pas de réticence à pleurer.
Pleurer est sain.
Pleurer soulage, apaise, répare quelque chose en nous.
Pleurer est une richesse intime et un cadeau que nous pouvons offrir à la vie, dans une juste expression, et une expression juste de notre subjectivité.
Et encore une fois, cette question d'équilibre qui revient en fil rouge...

Petit rajout (un peu angoissant, d'où mon hésitation première...): 


Au cours d'un dîner avec ma soeur, infirmière, je l'interroge sur la mort à l'hôpital. 
Nous serions amenés à mourir plus vraisemblablement à l'hôpital que chez nous... ( statistiquement démontré)
Son constat: Nous mourons seuls.
Et à chaque fois, elle a remarqué une larme glisser le long de la joue des mourants...
Ce serait même devenu le signe entre elles ( les infirmières), indiquant que la personne ne "passera" pas la journée...
Solitude et larme.
Voilà ce à quoi nous pouvons peut-être nous attendre... 
Pour nos derniers instants.
Pas une larme de lucidité, car en général, les patients sont sous sédatifs. 
Mais une larme tout de même.
Une dernière larme de vie, un peu à notre insu. 
Une larme qui nous accompagne jusqu'aux portes de notre mort... Puis dans les yeux de ceux qui nous ont aimé...
Et la vie donne une place à tout ça.
Peut-être qu'avec cette larme, nous ne sommes plus si seuls... 
Qui sait ce qui la déclenche... Qui sait quel est son rôle... Apaiser? Communiquer? Protéger?
Ce serait intéressant de la recueillir cette dernière larme et de la contempler sous un microscope, vous ne trouvez pas?
Peut-être y trouverions nous des traces... d'espoir?


 illustration: "Crying girl", Roy Lichtenstein 1964.

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