PEUR DE L'ECHEC





Je crois, qu'en France, la peur de l'échec est tellement ancrée dans nos mémoires...
On vit un échec comme une faute grave. On en a peur.
Est ce parce que notre mémoire collective a connu l'invasion, la destruction, l'occupation pendant la guerre?

L'échec serait mêlé à un profond sentiment d'impuissance, de souffrance et de grande culpabilité?

L'histoire doit sans doute y jouer un rôle...
Mais quel fardeau pour les nouvelles générations !

Que transmettons-nous en pensant ainsi?
Qu'il est si grave d'échouer, qu'il vaut mieux ne pas essayer?

Alors, qu'ailleurs, on observe une manière de considérer l'échec différente.

Ailleurs, l'échec est vu comme une formidable possibilité d'apprentissage!

Aux Etats-Unis, par exemple, mentionner un échec sur son CV démontre la capacité d'entreprendre de l'individu.

- En France, un enfant tombe, on lui dit " je te l'avais bien dit "

( N'essaie pas, petit homme! Sinon, c'est l'échec, et l'échec, ... C'est horrible!...)

- Aux Etats-Unis, un enfant tombe, on lui dit " C'est bien! Tu as essayé!" 

( l'échec n'existe pas comme tel , il s'agit avant tout d'essai. Chez eux, c'est même le fait de ne pas avoir essayé, qui est perçu comme un échec!!)

Voyez comme une même notion, en fonction de notre mode d'interprétation ( positive ou négative), peut conditionner notre relation à l'échec...et notre vie.

Si on croit que l'échec est mauvais, on en aura peur, et on élaborera des stratégies de défense: soit l'immobilisme, soit l'évitement ou l'attaque agressive ( si tu réussis, c'est que tu es un spécimen bizarre et pas cool, à exclure du groupe)

Alors que si on aborde l'échec comme un passage possible pour accéder à la réussite, on cherchera des stratégies d'analyse, afin de se mettre cognitivement en mouvement: prendre l'échec comme une expérience intéressante, et l'observer, la décortiquer, chercher à la comprendre, afin de l'intégrer à notre processus normal d'apprentissage.
Car, oui, se tromper, ne pas y arriver tout de suite, c'est NORMAL! 

Pourquoi?

Parce qu'acquérir un savoir, quel qu’il soit, nécessite d'y consacrer du temps et de l'attention

On sait aussi, que plus on est motivé, plus il est facile d'apprendre.

D'ailleurs qu'est ce qui nous prend le plus de temps et d'attention? Qu'est ce qui nous motive le plus?
L'amour!
Quand on aime, une personne, une matière, une discipline, on ne compte ni son temps, ni son attention et notre motivation est maximale!!

Et j'irai même jusqu'à dire, que peu importe si dans ce que nous faisons, nous réussissons ou échouons, du moment que nous faisons ce que nous aimons.

Prendre des vacances?! Pourquoi faire? Puisque c'est toute l'année que je suis en vacances!!

Et oui: faire ce que l'on aime, rend heureux.

Quel parent n'espère pas voir son enfant heureux?

N'est il pas temps, alors, de cesser ce "gavage" de connaissances, à vous en écœurer d'apprendre?!
Pourquoi ne pas procéder différemment?
Pourquoi ne pas leur apprendre à essayer, et peut importe l'échec.
Et consacrer notre attention à leur donner l'envie, le "love", de la connaissance?

Est ce utopique?
Quand on voit à quel point le jeu, qui n'est autre que le plaisir dans ce que l'on fait, peut aider à apprendre.
Quand on voit à quel point les enfants commencent dans la vie avec une telle soif d'apprendre!!

Quand on voit, qu'au fond, des spécialistes ont déjà trouvé tant de stratégies collaboratives qui respectent et entretiennent la motivation de l'enfant.

Car, elle est là notre richesse: dans cet amour incroyable que nous pouvons mettre dans un savoir, une discipline, un savoir faire, une personne, au point pour certains d'y consacrer toute leur vie !

Regardez cet homme.

Il s'appelle Wallace Chan. Et il est considéré comme un trésor national vivant.
Il a consacré plus de 50000 heures à sa passion: la joaillerie.
Une vie entière.
Et il pourrait vivre dans un appartement miteux, qu'il s'en ficherait.
Car son bonheur, c'est de créer des bijoux extraordinaires, de véritables œuvres d'art.
Son don est incroyable! Il peut ciseler un visage dans une pierre précieuse en trois dimensions.
Croyez-vous que son talent, il le possédait d'emblée?
Non. Il a du apprendre un savoir. Y consacrer son temps et son attention.
Il a du échouer, et essayer à nouveau, en prenant en compte ce que ses échecs lui avaient appris.
Il a du acquérir une certaine maîtrise, mais aussi, s'autoriser à innover, à dépasser ses limites.
Mais tout cela, il a pu le faire, grâce à une seule chose : L'amour.
L'amour incommensurable pour les bijoux.

Alors, la question fondamentale
La question que nous avons tous à nous poser, c'est:

Qu'est ce que nous aimons?

Cet amour incroyable, que nous portons tous en nous, qu'est ce qui le fera vibrer?

Illustration: Eau de Rêve, Wallace Cut, En 1987, Wallace Chan a inventé "Wallace Cut" (世 英 切割), une technique de sculpture qui crée une illusion dans les matériaux transparents en combinant camée médiévale et creux dans la gravure en 3 dimensions.. C'est une technologie de sculpture sans précédent.



Commentaires

  1. Cet article est magnifique. Je me retrouve beaucoup, car j'ai souvent la sensation de mal faire, d'être "nulle" dès que je suis face à un échec. J'essaye de travailler sur mon estime de moi. Et surtout de banaliser l'échec, car je me refuse à échouer! Le refus de l'échec entraîne beaucoup de souffrance, de pression quotidienne... au point que se dévaloriser est une habitude.
    Merci pour votre article,
    J'apprécie beaucoup l'ensemble de votre blog, votre écriture et surtout la dimension bienveillante qui en ressort!

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