DERRIERE UN COMPORTEMENT INADEQUAT, UN BESOIN D'ATTENTION ?


Il y a quelques temps, j'étais assise à côté d'une jeune maman. Sa petite fille de trois ans, adorable petit bout de femme avec de grands yeux pétillants et des boucles blondes, arriva dans la salle et se précipita entre ses jambes. Elles se câlinèrent et s'embrassèrent comme si elles ne s'étaient pas vues depuis longtemps. La maman tout à coup, regarda le collant de sa fille.
" - Mais, tu as changé de collant!? Tu as encore fait pipi dans ta culotte?"
Et l'enfant d’acquiescer de la tête sans rien dire.
"- Tu sais ce que ça veut dire, n'est ce pas? Tu n'auras pas d'histoire ce soir."

Je la regardais perplexe. Elle avait dit ça sur un ton calme et la petite fille, n'eut pas l'air de réagir.
Était ce à cause du ton? Si calme, qu'on pouvait se demander si la maman était réellement en colère?... Pourtant, la punition avait tout de même été formulée.
L'enfant s'éloigna, explorant les alentours.
La maman me regarda et elle dut percevoir ma surprise car elle crût devoir se justifier.
"- C'est parce que, vous comprenez, elle est propre à l'école, avec la nounou, mais quand elle est avec moi et son père, "madame" refait pipi dans sa culotte. C'est clair qu'elle le fait exprès, donc on la punit..."
Je n'ai rien dit. Juste souri.
Je n'ai pas osé.
Car, même si je n'étais pas de son avis, qui étais-je pour me permettre de critiquer sa méthode?
Son enfant semblait épanouie, et surtout, une réelle affection les liait toutes les deux.

Cependant, il me vint ce souvenir: cet été, j'ai proposé à mes filles de travailler régulièrement sur des cahiers de vacances. Mon aînée avait besoin que je sois derrière elle pour l'encourager. Ma cadette se débrouillait très bien toute seule, jusqu'à ce qu'elle se mit à faire des erreurs. Au début, je crus à un manque d'attention, et je l'invitai à prendre davantage de temps, lui proposant des mises en applications que je savais qu'elle maîtrisait. Là, encore, elle fit plusieurs erreurs. C'est en reprenant avec elle, que je compris la situation: ma cadette faisait exprès de se tromper pour pouvoir bénéficier de mon attention à son tour.

Le besoin d'attention.

Voilà ce qui poussait ma fille à agir de manière excessive et inappropriée. Elle commettait des fautes, non pas contre moi, mais pour elle, pour obtenir mon attention. Pourquoi? Et bien, au delà de son possible sentiment de jalousie envers sa soeur, il est possible que, pour elle, l'attention soit une preuve d'amour.
Elle me voit consacrer du temps pour les études de sa soeur et elle l'interprète comme une marque d'amour.
Elle aussi veut être aimée!


Peut être que la petite fille de trois ans, elle aussi agissait ainsi par besoin d'attention...
Peut être, que "faire pipi" dans sa culotte lui permettait de profiter de l'attention de sa mère et tant pis si c'était de manière négative?...

Voilà ce que j'aurais peut être pu dire à cette maman... Mais je crois que j'étais trop dans un désir de lui faire changer d'avis, et donc dans la critique. En prendre conscience m'a permis de ne pas "mal réagir". J'ai préféré me taire que la blesser.

Pour ma cadette, je ne l'ai pas affronté directement sur le sujet. Elle aurait nié. Mais j'ai pris le parti de consacrer une pleine attention à ses réussites.Et j'ai joué le jeu de ses erreurs. Elle a fini par se lasser. Maintenant je sais que je dois écouter son besoin d'attention, même si elle a des facilités au niveau scolaire.

Je ne pense pas que retirer un temps d'histoire, de partage entre eux, à une petite fille en grande demande d'attention, l'encouragera à devenir propre avec ses parents.
Mais, parfois, mon fils aussi a des "petits accidents"et je n'ai pas toujours une réaction très calme et empathique... Même si je ne punis pas et le déculpabilise là dessus, il m'arrive quand même de râler...

C'est véritablement difficile, de se permettre de s'immiscer dans le mode de fonctionnement d'une famille, quand soi même, on n'est pas parfait.
J'aurai pu parler de ma fille. Partager ce genre de difficultés. Sans chercher à la faire changer d'avis, seulement l'aider à y voir plus clair, et à déculpabiliser...
C'est en tout cas, ce que j'aurai aimé faire.
Mais sur le coup, je n'ai pas réagi.
Je n'ai pas essayé.. 

J'ai encore du boulot ;)


Illustration: James Tissot, a reading story

Commentaires

  1. On ose trop peu souvent, car en effet c'est à prendre avec de grandes précautions! Mais on apprend de ces expériences. La prochaine fois vous saurez trouver les mots justes pour exprimer votre idée sans blesser. De mon côté j'ai souvent tendance à laisser couler, je n'arrive pas à "argumenter" face à des propos qui me déstabilisent totalement. Je regrette souvent puis après coup je me fais la réflexion "j'aurais pu dire ca..."

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